Publié par Emily Quentin dans Actualités le 27/06/2022 à 15:51
Bonjour les ami.e.s, et bienvenue sur un nouveau blabla de la savonnière !
C’est le début de l’été et la veille du départ, et vous êtes probablement en train de vous équiper. Si vous êtes amatrice ou amateur de randonnée ou de camping, et tout simplement une ou un ami.e de la nature, vous voulez peut-être savoir quel est le moyen le plus propre et avec le moins d’impact pour laver vous et vos habits dans la nature ? Je vais tenter de répondre à cette question et vous donner différents critères pour choisir un savon biodégradable et écologique.
Points clés :
|
Quels critères choisir pour un savon de randonnée ou de camping ?
Tout d’abord, j’ai considéré les différents critères qui sont importants pour se laver de manière écologique lorsqu’on se déplace dans la nature.
Avant de considérer les critères 1 et 3, je voudrais vous parler de la biodégradabilité des savons et des agents lavants en général. Les agents lavants, savon et autres tensioactifs sont étudiés dans l’eau depuis au moins les années 70. Les premières études de l’IFREMER ont montré que de nombreux tensioactifs utilisés à terre finissaient dans l’eau de la mer après leur transport dans les eaux de rivières (1). Parmi tous les types de tensioactifs, certains se sont révélés plus toxiques que d'autres. C’est notamment le cas des tensioactifs anioniques (hors savon) et des tensioactifs cationiques qui sont difficilement biodégradables.
Durant la crise du covid, l’usage de tensioactifs pour se laver les mains a augmenté (2), ce qui a conduit à l'augmentation de la pollution. Plus précisément, ce qui a augmenté est la concentration dans les eaux en substances non biodégradables issues de la synthèse chimique à partir de produits pétroliers, comme le sodium laureth sulfate. Les scientifiques proposent pour réduire la pollution liée à l’hygiène d’utiliser des substances provenant de matières végétales ou animales (c'est-à -dire le savon) qui sont plus faciles à dégrader que les produits de synthèse (2).
Précisément, celà veut dire qu’une quantité initiale de savon est dégradée par les bactéries et la chimie de l’eau à travers le temps (3-5 mois), avant de passer sous un seuil de concentration. Plus un savon est biodégradable, plus vite le savon est dégradé.
Ce qui est complexe dans cette histoire, c’est que cette vitesse varie selon beaucoup de paramètres : la température (les saisons), les types de sols (sableux, humus de forêt, etc… ), la quantité d'oxygène, et les types de bactéries et surtout la dureté de l’eau (3). Difficile donc de donner une règle ou une durée de dégradation.
J’ai trouvé une étude qui montre qu’au bout de 5 mois (3), le savon est totalement dégradé dans le sol, en condition aérobie (c'est-à-dire non enfoui dans le sol, et avec de l’oxygène).
En cherchant plus loin dans un chapitre de livre dédiés à la biodégradabilité des savons, il est montré que le savon et les acides gras saponifiés sont 100% biodégradables (voir table) (4). Les plus biodégradables sont le sodium-laurate, le sodium palm-kernel, le sodium oleate, et le sodium-tallowate.
Table 1 : Les acides gras biodégradables tiré de Steber, J., et H. Berger. « Biodegradability of Anionic Surfactants ». In Biodegradability of Surfactants, édité par D. R. Karsa et M. R. Porter, 134‑82. Dordrecht: Springer Netherlands, 1995.
On l’a vu, les savons à base d’huiles végétales sont biodégradables et disparaissent du sol au bout de 5 mois environ. Le bémol est que si une partie du savon réagit avec le calcaire, alors on forme un savon plus dur qui se dégrade à 63%.
Dans les lacs et les rivières, le plus important sera de se renseigner que l’eau n’est pas trop dure. Sinon, qu’une station de traitement proche permet de traiter les boues de manière anaérobie.
Dans tous les cas, il faut éviter les savons à base de tensioactifs de synthèse et contenant des parfums et des conservateurs. Le mieux est de regarder la composition et d’utiliser des savons à l’huile d’olive qui sont biodégradables.
En basant mon analyse sur les données ci-dessus, je peux conclure que les savons les plus biodégradables sont les savons à base d’huile d’olive, de beurre de coco, et riche en huile de palme ou de palmier.
Pour ne pas allonger le texte, je n’ai pas parlé des problèmes d’agents moussants, de parfums, et de conservateurs dans les savons. Ces principes actifs sont en général peu biodégradables et toxiques pour l’environnement (5). Ils sont à éviter pour se laver, et encore plus dans la nature.
Quels savons utiliser pour la randonnée et le camping ?
Ok, on a déjà donné les savons les plus biodégradables basés sur des critères scientifiques et objectifs. Mais quid du critères du poids et du multitasking ?
Pour la randonnée, le poids est un critère important, il faut donc privilégier un savon biodégradable concentré, sans emballages (le plastique ou le carton pèsent lourd) et qui soient multitâches.
Exit donc, les savons et shampoings liquides dans des bouteilles plastiques.
Si vous comptez laver vos habits, et les réutiliser durant la randonnée, il faut un savon biodégradable qui lave à la fois bien le linge et la vaisselle et pas trop agressif pour le corps ou bien les cheveux. Difficile de réunir tous ces critères sans céder au confort. Essayons tout de même de proposer une sélection de savons biodégradables :
Si personnellement je devais ma préférence pour la randonnée, je choisirais un savon de Castille ou bien un savon 100 % huile de coco avec de la glycérine. Le savon de Castille, sera préféré pour le corps, le savon 100 % huile de coco, sera parfait pour une vaisselle rapide, ou pour laver un t-shirt. A vous de voir ensuite comment vous randonnez.
Pour le camping simple, la problématique du poids est un peu moins importante. Il n’est pas nécessaire de se contenter d’un seul savon qui fasse tout. Vous pourrez donc opter pour un savon biodégradable pour le corps, et un pour la vaisselle et le linge.
Pour le corps, un savon de Castille 100% huile d’olive est parfait. Choisissez un savon de castille surgras à base d’huile biologique, et sans parfums de synthèse surtout.
Pour la vaisselle, un savon de marseille, ou bien un savon 100% huile de coco conviendront, puisque les acides gras qu’ils contiennent sont 100% biodégradables.
Pour les cheveux, il existe des shampoings solides à base d’huiles végétales qui peuvent vous convenir. Ces shampoings seront beaucoup plus biodégradables que des shampoings à base de tensioactifs de synthèse. Avec ces shampoings, un temps d’adaptation est parfois nécessaire, il faut donc commencer à les utiliser deux à trois semaines avant votre voyage.
En conclusion, un bon savon biodégradable est un savon qui se dégrade totalement après 5 mois dans le sol. Il est composé d’huiles végétales saponifiées. Ces savons permettront de ne pas polluer trop l’eau des rivières et des lacs.
Pour la randonnée, le mieux est d’utiliser un seul un savon à l’huile d’olive ou l’huile de coco. Pour le camping, vous pouvez diversifier les savons et emporter un savon pour le corps et un pour le linge et la vaisselle.
Un produit d’hygiène vient souvent accompagné d’un emballage, cartonné ou en plastique. Il me semble évident qu’un savon biodégradable doit être livré sans emballage plastique. Les plastiques des produits d'hygiène sont souvent recyclables, mais pour celà ils doivent être triés et jetés dans les conteneurs appropriés. Ce n’est pas très pratique en randonnée.
Donc, les savons solides sont plus adaptés au camping. Ils sont livrés dans des emballages en carton, qui peuvent être ôtés avant de partir en vacances. Pour le stockage dans le sac, vous pouvez opter pour une pochette en tissu, ou un peignoir à savon, qui permettent une bonne conservation des savons solides.
Si vous m’avez lu jusqu’ici et que le sujet vous a intéressé, vous pouvez supporter la savonnerie, et visiter ma page savon : vous pourrez y acheter des savons de Castille 100 % huile d’olive, ou bien des savons 100 % huile de coco.
Pour aller plus loin, n'hésitez pas à lire ma page sur les tensioactifs.
A bientôt !
Boutique propulsée par Wizishop